<108>ries, qui commençaient à bien fatiguer ma paisible philosophie. J'ai l'honneur, etc.
81. AU MARQUIS D'ARGENS.
Sophienthal, 25 octobre 1759.
Je suis perclus de tous mes membres; je n'ai à ma disposition que ma main droite, dont je me sers pour vous prier de venir à Glogau tenir compagnie à mon infirmité. Les chemins sont sûrs. Les Russes sont vers Posen, et Loudon s'en va, par Cracovie, retourner en Moravie. La goutte m'abîme, le chagrin me dévore, je suis ici sans société, presque sans secours. Je ne pourrai me faire transporter qu'en cinq ou six jours, tant je suis faible et impotent, et je suis si à bas, qu'il faut que je renonce à finir moi-même la campagne.
Menez Noëla avec vous; peut-être qu'il pourra me rendre mes forces.
82. AU MÊME.
(Sophienthal) 26 octobre 1759.
Je reçois votre lettre, mon cher marquis, dans les tourments de la goutte, et je me suis ressouvenu que le philosophe Posidonius, lorsque Pompée passa par Athènes,b et lui fit demander s'il pouvait l'entendre sans que cela l'incommodât, lui répondit : Il ne sera pas dit qu'un
a Voyez ci-dessus, p. 93.
b Par Rhodes. Voyez les Tusculanes de Cicéron, liv. II, chap. 25.