<126> m'informer de quoi il était question. M. Gotzkowsky et d'autres gens sensés qui connaissent cet homme disent que véritablement il leur avait dit, en cinquante-huit, que les Prussiens auraient de grands revers en cinquante-neuf, et qu'il avait toujours ajouté ce qu'il annonçait encore aujourd'hui, que, en soixante, les Prussiens seraient et plus heureux, et plus glorieux qu'ils ne l'avaient jamais été. Quant à moi, sans être prophète et sans avoir l'honneur d'exalter mon âme, je suis bien persuadé que vous réparerez tous les maux que peuvent avoir causés des fautes où vous n'avez jamais eu aucune part, et qu'humainement vous ne pouviez ni prévoir, ni éviter, les causes secondes étant au-dessus de toute la prudence humaine. Vous êtes comme ces habiles architectes qui, par la grande connaissance qu'ils ont de leur art, savent raffermir et resserrer les crevasses qui se sont faites à des bâtiments que des orages imprévus ou des tremblements de terre avaient ébranlés.
J'ai remis à l'impression les Réflexions, etc., et je me flatte que vous serez plus content de cette édition que de la première. Mais permettez, Sire, que je prenne la défense de votre campagne contre vous-même. L'on ne pourra jamais vous en imputer les malheurs, parce que vous n'en avez point été la cause, et qu'ils sont arrivés indépendamment des soins que vous avez pris. Votre gloire, Sire, n'en a pas reçu la moindre atteinte. Je ne puis pas dire la même chose de l'édition des Réflexions; mais il est pourtant vrai que la copie du manuscrit m'a induit dans plusieurs erreurs. J'en envoie la preuve à V. M. L'ancien manuscrit dit : On distingue ceux; la nouvelle correction dit : On ne fait attention qu'à ceux. La correction nouvelle dit : Un vaste champ aux remarques; dans l'ancien manuscrit, remarques est effacé. Dans la nouvelle correction il y a : Je crains bien que ce beau phénix; dans le manuscrit : Je crois que ce phénix. Je pourrais envoyer encore plusieurs autres endroits à V. M.; mais cela l'ennuierait. D'ailleurs, je dois convenir qu'il y a deux ou trois fautes,