<15> cinq jours, je partis pour Aix-la-Chapelle, où à peine je fus arrivé, que je les reçus par une estafette que m'envoya M. le maréchal de Dossow.
D'Aix-la-Chapelle je me rendis à Liége avec une escorte de dix hommes que me donnèrent les Autrichiens, et qui vint de leur camp me prendre à Aix. En arrivant à Liége, j'y laissai Marianne, et je vins avec une escorte jusqu'au camp. Je m'adressai, le même jour, à M. de Puysieulx, ministre des affaires étrangères, qui me fit beaucoup de politesses, et qui m'en a toujours fait pendant mon séjour à l'armée. Il me présenta le lendemain au Roi, qui me reçut très-gracieusement. Il se mit à rire en me voyant, et dit à M. de Puysieulx assez haut : « Voyez donc comme il ressemble à son frère. » Il me demanda ensuite des nouvelles de la santé de V. M., quand j'étais parti de Berlin, etc.
Le jour que je fus présenté au Roi, je dînai chez le maréchal de Saxe, le lendemain chez le duc de Richelieu, le surlendemain chez M. d'Argenson, ministre de la guerre, et hier chez M. de Puysieulx. Aujourd'hui, sixième jour de mon arrivée, je suis parti de l'armée, et c'est de Liége que j'ai l'honneur d'écrire à V. M. Le Roi m'a fait donner un passe-port, qu'il a signé de sa main, et j'ai un ordre du ministre pour prendre des escortes jusqu'à Bruxelles. On m'a promis toute la justice possible pour mes affaires; enfin tout va fort bien, excepté le présent, que je n'aurai qu'après que M. de Puysieulx aura parlé à M. de Chambrier;a encore faut-il pour cela que V. M. apprenne à ce dernier quelle est sa volonté à ce sujet. Voici l'explication de cette énigme. Le bon Valori, qui me hait cordialement, je ne sais pas pourquoi, eut la bonté d'écrire que le présent que le Roi ferait ne devait point être pour moi, qui n'étais porteur de la lettre de V. M. que par accident, mais qu'on devait le donner à l'écuyer qui conduisait les chevaux. Sur cela, lorsque je partis, M. de Puysieulx
a Envoyé et ministre plénipotentiaire du roi de Prusse à Paris. Voyez t. III, p. 44.