<16> me parla naturellement. Il me dit qu'il était dans un grand embarras; qu'il voyait, d'un côté, que, portant la lettre de V M., votre intention paraissait être que ce fût moi qui eût le présent, mais que, d'un autre côté, il voyait que M. de Schwerin conduisait les chevaux; que, dans ce doute, il serait bien aise que M. de Chambrier lui dît un mot. Je répondis à M. de Puysieulx que je m'estimais si heureux d'exécuter les ordres de V. M., que je ne pensais point au présent dont il me parlait; que, comme cependant V. M. pourrait penser que c'était ou parce que je n'avais point été agréable au Roi, ou parce que j'avais pu faire quelque faute, que je n'avais point reçu le présent, je le priais de permettre que je vous écrivisse naturellement ce qu'il m'avait dit. Il me répondit que je lui ferais plaisir, et que je le tirerais d'embarras. Voilà, Sire, de quoi il est question. C'est la réponse de M. de Chambrier qui décidera cette affaire. Je supplie V. M. de ne jamais disputer de belles-lettres avec Valori, car je crois qu'il ne me hait que parce que je n'ai pas été de son avis.
J'ai vu ici M. le duc de Richelieu; il m'a dit qu'il avait appris par la voie de ministres que V. M. avait été mécontente de lui lorsqu'il était à Dresde.a Il a ajouté qu'il avait écrit à ce sujet une lettre au comte de Rottembourg, qu'il chargeait de le justifier auprès de V. M. J'ai répondu à cela que j'ignorais absolument de quoi il était question, et que V. M. ne m'en avait jamais parlé.
La perte des Français dans la dernière bataille est plus considérable que celle des alliés; les premiers ont eu la victoire, mais il leur en coûte deux mille hommes de plus qu'à leurs ennemis.
M. de Lowendal fait le siége de Bergen-op-Zoom; les trois quarts des gens disent, à l'armée, qu'il ne réussira pas, et peut-être le souhaitent-ils, car ils ne s'aiment guère entre eux.
J'espère que V. M. voudra bien m'apprendre s'il y a rien dans ma conduite qui lui déplaise. Je prends la liberté de lui envoyer cette
a Voyez t. XI, p. 137.