<211> le 10 de ce mois. Glatz est perdu, on assiége Neisse; il n'y a pas de temps à perdre. Si nous sommes heureux, je vous le manderai; s'il nous arrive malheur, je prends d'avance congé de vous et de toute la compagnie. Le pauvre Foresta a été tué, et c'est un sacrifice inutile. Enfin, mon cher, toute la boutique s'en va au diable. Nous marcherons après-demain. Je prévois toute l'horreur de la situation qui m'attend, et j'ai pris mon parti avec fermeté. Adieu; je vous embrasse. Pensez quelquefois à moi, et soyez persuadé de mon estime.
143. DU MARQUIS D'ARGENS.
Berlin, 12 août 1760.
Sire,
Les nouvelles de la Silésie nous apprennent que Votre Majesté y est arrivée heureusement avec son armée. Votre dernière lettre m'avait jeté dans la plus grande consternation, parce que, connaissant combien vous vous exposez, je craignais qu'il ne vous arrivât quelque accident, s'il y avait une bataille. Et que deviendrions-nous tous, si nous avions le malheur de vous perdre? Depuis la lettre dont vous m'avez honoré, le prince Henri a chassé les Autrichiens et fait lever le siége de Breslau; votre neveu le prince héréditaire de Brunswic a battu et dissipé entièrement l'armée française commandée par M. Du Muy;a vous êtes arrivé en Silésie malgré les oppositions de Daun. J'espère que tout ira bien le reste de la campagne. J'aime bien mieux voir le théâtre de la guerre dans un pays où vous êtes entre six ou sept places de guerre qui vous appartiennent que dans la Saxe, pays ouvert, et dont les villes sont de peu de résistance. J'ai
a A Warbourg, le 31 juillet 1760. Voyez t. V, p. 108.