<240> sont honnêtes gens, en vous priant de ne pas oublier un chevalier errant qui est votre vieil ami.
162. DU MARQUIS D'ARGENS.
Berlin, 23 mars 1761.
Sire,
Je commence par remercier Votre Majesté des bontés dont elle a daigné m'honorer,a et toutes les lettres que j'ai l'honneur de lui écrire devraient commencer de même, car quel est l'instant de ma vie qui ne soit marqué par quelque grâce qu'elle m'a faite? Vous m'avez mis dans l'impossibilité de jamais mériter vos bienfaits, et il ne me reste, pour m'en acquitter, que la reconnaissance; la mienne, Sire, sera éternelle.
J'ai été à Sans-Souci. Le château est dans un très-bon ordre, et le jardin aussi. Quant à la galerie, c'est sans contredit, après Saint-Pierre de Rome, la plus belle chose qu'il y ait au monde. Ma surprise a été extrême, et je n'ai jamais cru que cette galerie fît la moitié de l'effet qu'elle produit; elle est entièrement achevée.
J'attends, Sire, avec l'impatience que vous me connaissez, la nouvelle de la prise de Cassel, et je me flatte de l'apprendre de V. M.; j'ai déjà préparé mes arrangements pour la fête que je donne à cinquante invalides.
V. M. n'oubliera pas, à ce que j'espère, la tragédie de Malagrida.b Je lis actuellement trois volumes composés de différentes pièces que
a Allusion au séjour que le marquis d'Argens avait fait auprès du Roi pendant l'hiver. Voyez ci-dessus, p. 236 et 238.
b Voyez ci-dessus, p. 71, 72 et 162.