<251> je m'en impose à moi-même. Je crois que vous travaillez à présent à la traduction dont vous avez eu la complaisance de vous charger, et j'espère que, l'année prochaine, nous verrons paraître l'ouvrage. Adieu, mon cher marquis; je fais mille vœux pour vous et pour votre conservation, en vous assurant de toute mon estime.

170. DU MARQUIS D'ARGENS.

Le 23 avril 1761.



Sire,

La dernière lettre de Votre Majesté a soulagé la tristesse que m'avaient causée les deux avant-dernières, celle où V. M. me parlait de l'expédition de la Hesse, et celle où elle m'apprenait la rupture de l'échange. Quant à l'affaire de la Hesse, je la regarde aujourd'hui, malgré le peu de réussite qu'elle a eu, comme très-utile, parce que je ne doute pas que la perte des magasins, l'argent qu'il faut pour en former de nouveaux dans un pays entièrement ruiné et dévasté, ne soit une des raisons qui ont fait offrir la suspension d'armes aux Français, dans un temps où ils paraissaient avoir une si grande supériorité par leur nombre sur le prince Ferdinand.

Quant à la rupture de l'échange des prisonniers, je dirai naturellement à V. M. que je m'y suis toujours attendu. L'histoire des trois derniers siècles m'a appris à connaître la maison d'Autriche. La base de son système est établie sur une fausseté dont elle a toujours fait usage, même dans les occasions où elle n'avait pas besoin d'y avoir recours. Je suis très-convaincu que l'on s'était flatté à Vienne que vous recruteriez vos armées avec moins d'ardeur, si vous comptiez sur l'échange; mais V. M. n'a pas été la dupe de ces mauvaises finesses,