<269> pour dire peu de choses. L'article de la liberté est le plus faible de tous; il semble qu'il se soit hâté, dans ce septième volume, de finir son ouvrage. Il se peut que Bernier,a son traducteur et son abréviateur, ne l'ait pas bien servi. C'est donc à vous, qui pouvez puiser à la source, à m'apprendre si ces fautes que je lui reproche appartiennent au philosophe ou au voyageur. Voilà, mon cher marquis, une grande lecture d'achevée. Je me suis pressé de finir, de crainte que ce Loudon, qui n'est assurément pas philosophe, n'interrompît grossièrement mes études. J'ai choisi à présent des lectures que je puis abandonner sans regret.

A propos de ces lectures, on dit que Voltaire a fait un second tome à Candide.b Je vous prie de charger le petit Beausobre de me l'envoyer. J'ai reçu aujourd'hui des melons de Sans-Souci, et je me suis écrié en les voyant : O trop heureux melons! vous avez joui de la vue du marquis, qui m'est interdite. Comment prend-il ses eaux? lui font-elles du bien? est-il gai? se promène-t-il? prend-il de l'exercice? A cela le melon ne m'a pas répondu un mot. Pour le punir de son silence, je l'ai mangé à votre santé. Après juillet, août, septembre et octobre, j'espère de vous écrire, non sur le sujet de la philosophie spéculative, mais sur la pratique. Adieu, mon cher marquis. Calfeutrez bien votre corps, pour qu'il parvienne à la durée des atomes de Gassendi, et qu'il soit à l'abri des maladies, des infirmités et des secousses qui menacent notre fragile machine. Philosophez tranquillement; prouvez souvent à Babet que votre vigueur n'admet point de vide dans la nature, et soyez persuadé de mon amitié.

Grand scrutateur de la nature,
Malgré son style et son latin,


a François Bernier, docteur en médecine de la faculté de Montpellier et voyageur célèbre. mort à Paris en 1688, a publié un Abrégé de la Philosophie de Gassendi, en VIII tomes. A Lyon. 1678, in-12.

b Voltaire n'est pas l'auteur de ce second tome de Candide, qu'on attribue à Thorel de Campigneulles, mort en 1809.