<287>Adieu, mon cher marquis. J'aurais bien des choses à vous dire; mais, comme je crois que vous les devinez à peu près, je crois pouvoir me dispenser de vous en incommoder. Ne m'oubliez pas, et pensez quelquefois à moi.
194. DU MARQUIS D'ARGENS.
Berlin, 12 octobre 1761.
Sire,
J'ai eu l'honneur d'écrire à Votre Majesté par la voie du commandant de Glogau. Je ne sais si elle aura reçu ma lettre. Je lui aurais écrit de nouveau, si je n'avais voulu être certain auparavant d'une nouvelle à laquelle je ne pouvais ajouter foi. Lorsque j'ai su qu'elle était véritable, je me suis dit à moi-même ce que je voudrais que vous vous dissiez pour vous consoler : c'est que, quelque génie que vous ayez, vous n'êtes pas un Dieu, et que, après avoir agi avec toute la prudence humaine, vous ne pouvez ni empêcher ni prévoir des choses qui paraissent absolument impossibles. Voilà, Sire, ce qui vous regarde personnellement dans la perte de Schweidnitz;a mais comment une garnison a-t-elle pu être forcée dans deux heures de temps, dans une ville qui, médiocrement défendue, doit tenir trois semaines de tranchée ouverte? Je ne condamne personne, parce que je ne suis instruit que par des bruits publics et par le rapport de plusieurs soldats de la garnison de Schweidnitz, qui ont trouvé le moyen de se sauver, et qui sont venus à Berlin. Mais, quand je pense qu'avec deux bataillons de milice nous avons tenu cinq jours à Berlin contre plus de trente mille hommes, et soutenu deux assauts, et qu'ensuite
a Arrivée le 1er octobre. Voyez t. V, p. 144 et 145.