<30> bouche petite et remplie de grâces; elle est un peu plus grande que Marianne, a la taille fine et charmante; elle joue avec beaucoup de délicatesse et de bon sens. C'est, dans le tragique, le son de voix touchant de la de Seine, et, dans les grandes amoureuses, la noblesse de la Le Couvreur. Elle a la poitrine un peu faible : mais, comme elle joue ici la comédie six fois par semaine, elle ne se ressentira plus de cette incommodité à Berlin, où elle pourra se reposer trois ou quatre jours de la semaine. Le troisième sujet est une grande fille âgée de dix-sept ans, appelée Drouin, sœur d'un comédien qui joue les premiers rôles à Paris. Elle est faite au tour, elle a les yeux remplis de feu, la bouche gracieuse, le tour du visage bien fait; elle a au théâtre beaucoup d'intelligence, joue les amoureuses avec esprit, et les soubrettes en cas de besoin; elle déclame aussi fort bien dans le tragique.
Ces trois sujets, Sire, sont prêts à s'engager pour le service de V. M. J'ai trouvé d'abord quelque difficulté dans le sieur Rousselois et sa femme, attendu qu'il se plaignait qu'on lui avait fait quitter un engagement considérable qu'il avait à Bordeaux; mais je lui ai si bien fait connaître les avantages qu'il y avait d'être au service de V. M., qu'il est aujourd'hui charmé d'y entrer.
Je n'ai rien voulu conclure avec ces trois sujets que je n'aie eu l'honneur auparavant de savoir les intentions de V. M., parce que je ne sais si les conditions qu'ils proposent pourront lui convenir. J'ai vu ici les engagements du sieur Rousselois et de sa femme; ils ont chacun mille écus de France, et ils demandent mille écus chacun d'Allemagne; je leur ai offert huit cents écus. J'ai péroré et harangué inutilement pendant une heure.
Quant à la petite Drouin (je dis petite, parce qu'elle est remplie de grâces, et qu'elle a encore ces manières enfantines qui conviennent si bien à la jeunesse), elle consent de s'engager pour six cents écus. Il y a encore une autre chose dont il faut que je prévienne V. M. : c'est