<325> en vous disant, à la fin de ma lettre, que je vous aimerai toujours. Adieu, mon cher marquis.
218. DU MARQUIS D'ARGENS.
Berlin, 12 février 1762.
Sire,
J'attends la première lettre de Votre Majesté comme les juifs attendent le Messie, et, à vous dire le vrai, j'ai grand besoin d'un peu de consolation; le bâtiment croule de tous côtés, je suis toujours incommodé depuis ma dernière maladie, et, si je n'étaye pas un peu mon pauvre corps, il tombera bientôt parterre. J'aurais besoin de faire des remèdes; mais, pour qu'ils agissent, il faut un peu de gaieté. J'espère que la première lettre de V. M. m'en donnera beaucoup.
Les Autrichiens affectent de répandre dans presque tous les papiers publics que vous pensez à faire la paix avec eux. J'ai lu dans les articles de Vienne qu'ils ont envoyé un nouvel ambassadeur où vous envoyez ce que j'ai vu il y a trois mois à Berlin.a Je pense qu'ils ne font courir tous ces bruits que pour faire accroire à certaines gens que vous ne les assisterez pas, s'ils viennent à se déclarer, et que vous avez offert de vous accommoder avec la cour de Vienne. Je me défie de tout, après ce que j'ai vu.
Les directeurs de l'Académie sont venus chez moi pour me charger de prier V. M. de vouloir bien permettre qu'un de leurs membres, c'est M. Sulzer,b excellent citoyen et Suisse de nation, puisse faire un
a Les présents que Frédéric faisait à la Porte Ottomane. Voyez ci-dessus, p. 300 et 301.
b Voyez t. IX, p. 92 et 94; t. XVII, p. X et XI, et p. 397; et ci-dessus, p. 246.