<328> amis des Prussiens; ils ont été régalés magnifiquement, pendant trois jours, dans plusieurs maisons où l'on a largement bu à votre santé et à celle de l'empereur Pierre III, que Dieu bénisse et fasse prospérer! Puissent tous ses ennemis, ainsi que les vôtres, mourir de dépit et de honte de voir leur odieuse cabale détruite dans un moment, et puissent-ils encore essuyer autant de chagrins qu'ils en ont fait essuyer à tant d'honnêtes gens! Ce que je dis là n'est pas trop philosophe, mais il n'y a philosophie qui tienne. J'ai l'honneur, etc.

220. AU MARQUIS D'ARGENS.

(Breslau) 16 février 1762.

Vous voulez savoir, mon cher marquis, les événements qui ne sont pas développés encore. A peine avons-nous appris que la Messaline du Nord était morte, et que son successeur est bien intentionné pour nous. Voilà ce que nous savons, et rien davantage. Les apparences sont que cet événement donnera lieu à une paix séparée entre nous et la Russie; mais cela n'amènera pas une paix générale. Les Autrichiens guerroieront jusqu'à ce qu'ils aient dépensé leur dernier sou. Je n'ai point demandé la paix à Vienne. Ce sont de leurs impostures auxquelles vous deviez être accoutumé depuis qu'ils se sont arrogé le droit de mentir impunément, et vous deviez assez me connaître pour vous représenter que, s'il fallait par nécessité recourir à la paix, je ne la solliciterais pas chez ma plus implacable ennemie. Il n'est donc point question d'une paix générale. Il y a un amendement dans notre situation, mais nous ne sommes pas aussi avancés que vous vous l'imaginez. La guerre continue, et il nous reste deux puissances formi-