<343> jeune, il se porte bien, et nous ne sommes plus dans le siècle de la Médicis. - Mais si moi, roi de Prusse, j'étais battu? - Si cela arrive jamais, je consens que l'on me coupe la tête. J'ai l'honneur, etc.
232. AU MARQUIS D'ARGENS.
(Breslau) 8 avril 1762.
Vous êtes gai et de bonne humeur, mon cher marquis, et ce ne sera pas moi qui voudrai vous affliger par mes rêves mélancoliques. D'ailleurs, penser tristement ou gaiement ne fait rien aux choses; elles vont leur train, et l'événement, bon ou mauvais, il faut ensuite le recevoir, et dévorer son chagrin, si la fortune nous est contraire. Je suis à présent dans les négociations par-dessus les yeux; tout va à souhait à Pétersbourg, et j'ose vous dire que ce pays dont vous n'espérez rien remplira ce que j'en attends, mais un mois plus tard que je ne l'aurais désiré. Sur la fin de mai, il y aura un beau sabbat dans cette pauvre Europe, et ce sera de cette façon-là que nous trouverons la fin de cette détestable guerre. Je relis à présent l'Histoire de Fleury,a dont je m'accommode très-bien. Cela tiendra bon jusqu'au mois de juillet; c'est une pièce de résistance qui fournit des aliments pour une demi-campagne. Je ne vous en dis pas davantage à présent, mon cher marquis; j'attends de grandes nouvelles, que je vous enverrai toutes chaudes, dès que je les aurai reçues. Adieu, mon cher; je vous embrasse.
a Voyez t. VII, p. VI et VII, et p. 149-164; t. XIV, p. XII, et p. 108-169.