<36>rope. M. Darget m'écrit là-dessus les volontés de V. M., et je veux engager, pour le même prix que les confidents, deux jeunes filles, jolies, qui aient des talents et de la vertu, car, si je prenais des catins, elles déserteraient, ou elles mettraient encore le désordre dans la troupe.
J'ai envoyé l'engagement définitif à Rousselois et à sa femme; je le dis encore à V. M., elle a dans ces deux sujets, après la Duménil et La Noue, ce qu'il y a de meilleur dans le royaume. Ils partiront au commencement du carême avec la petite Drouin, aussi jolie que la Barberinaa mieux faite qu'elle, et qui sera avant un an la plus aimable actrice de l'Europe. M. Lenfant, commissaire ordonnateur en Provence, m'enverra à Berlin leur engagement, qu'ils lui donneront à mesure qu'il leur remettra le mien. Je trouverai le leur ainsi en arrivant à Berlin.
J'aurai, avant qu'il soit trois jours, engagé un des plus grands peintres de Paris. J'en ai deux en main; je prendrai le plus raisonnable, car, dès que les gens à talents que souhaite V. M. me font des propositions qui me paraissent tant soit peu déraisonnables, je leur ris au nez, et j'en cherche d'autres.
Je ne donne aucune nouvelle des armées à V. M., parce qu'elle les sait aussitôt que moi. J'ai pris, pendant que j'ai été en Provence, des mémoires sur les deux dernières campagnes d'Italie, qui pourront amuser V. M. J'oubliais de lui dire que, n'ayant eu d'avis qu'à mon arrivée de Paris d'engager la figurante dont j'avais parlé à V. M., Don Philippe, qui l'avait déjà vue à Marseille, et qui l'avait trouvée jolie, ainsi que moi, lui fit proposer de s'engager pour seconde danseuse dans une troupe qu'il compte faire aller cet hiver dans la ville où il restera, et qu'il a fait venir à Nice en attendant. L'aimable danseuse eut cependant la fermeté de balancer entre le prince et le chambellan; elle me dit que, si j'étais assuré de la faire recevoir, elle parti-
a Voyez t. X, p. 195.