<364> nouvelles, et je n'irai pas vous ennuyer par un plus long bavardage. Adieu donc, mon cher marquis; que le ciel vous bénisse et vous conserve, pour que je vous retrouve sain, gai, dispos et content. Je vous embrasse.
247. DU MARQUIS D'ARGENS.
Potsdam. 2 juin 1762.
Sire,
Si vos courriers se sont fait autant attendre que le Messie, ils ont produit de plus grands effets; il fallut au Messie et à ses disciples quatre siècles pour amener au christianisme un empereur romain, et il ne vous faudra que quatre mois pour ramener à la raison une impératrice. C'est bien un autre miracle de rendre une femme raisonnable que de baptiser un prince qui cherchait à se faire un parti, parmi les chrétiens, qui pût le garantir de ses ennemis. Si je n'avais pas été prévenu depuis quelque temps, les deux dernières lettres que j'ai reçues de V. M. auraient bien pu produire sur moi le même effet que la joie de la paix a causé sur la tête d'un des principaux ministres de Berlin. Le pauvre homme en est devenu fou le jour du Te Deum; il a fait mettre dans toutes nos gazettes qu'il prêcherait le lendemain en vers,a et il a fait véritablement son sermon, où toute la ville est accourue. Ses confrères sont fort scandalisés, et ne parlent de rien moins que de suspendre le prédicateur poëte. Si vous continuez de m'écrire d'aussi bonnes nouvelles, ne soyez donc pas étonné, Sire, si
a Voyez les Berlinische Nachrichlen von Staats- und gelehrten Sachen, 1762, nos 64 et 65. p. 249 et 253. M. Nathanaël Baumgarten, conseiller du consistoire supérieur, publia ce sermon en vers, sous le titre de Dank-, Pfingst- und Friedens-Predigt, Berlin, chez Haude et Spener, 1762.