<404>Plus mûr, j'étudiai César dans son allure,
Leibniz et Gassendi, mais surtout Épicure.a
A présent, cher marquis, que l'âge injurieux,
Énervant ma vigueur, grisonne mes cheveux,
Et m'avertit qu'en peu je joindrai mes ancêtres,
J'ai choisi pour hochets ces scélérats de prêtres;
La folle ambition de ces faquins mitres,
La luxure et l'orgueil de ces fronts tonsurés,
Amuse, en m'irritant, ma pesante vieillesse.
Je m'emporte en voyant la honteuse faiblesse
De lâches souverains, sous la tiare rampants,
Par bassesse embrasser les pieds de leurs tyrans;
Je me gausse des saints, et ris de leurs reliques,
Je plains l'aveuglement des querelles mystiques,
Bavardage idiot, futile jeu de mots
D'imposteurs révérés, pour abuser les sots.
Le cerveau tout rempli de leur saint brigandage,
Je reçois, cher marquis, votre élégant ouvrage.
Un plus sage que moi n'aurait pu différer
De se jeter dessus et de le dévorer;
Mais mon esprit, tout plein de bulles, de vigiles,
De docteurs, de martyrs, d'interdits, de conciles,
De ce fatras inepte, indigne et mensonger,
Doit, marquis, pour vous lire, avant tout se purger.
Attendez, s'il vous plaît, que ces folles chimères,
Sortant de mon cerveau, dégagent ses viscères,
Et que mon esprit, pur et net de ces erreurs,
Se prépare à se joindre à vos admirateurs.
Avant que l'Orion annonce la froidure,
Suspende les torrents et glace la nature,
En lecteur diligent, au métier aguerri,
J'aurai, n'en doutez point, expédié Fleury.
Alors, en renonçant à la théologie,
Je me vouerai, marquis, à la philosophie,
Et retrouvant en vous la belle antiquité,
J'irai dans votre sein puiser la vérité.
Nous examinerons la nature des choses,


a Voyez t. XVIII, p. 147.