<414> soins de la bonne Babet, je crois que je raffermirais dans peu votre santé. Mais cela surpasse vos forces; vous haïssez la gêne, et ces petites attentions que demande le régime, à la longue, vous deviendraient insupportables. Il ne me reste donc qu'à faire des vœux pour vous. Ils partent du cœur, et je vous assure que, s'ils pouvaient effectuer quelque chose, vous auriez une santé d'athlète et la force d'Hercule. Je vous la souhaite, en vous priant de ne me point oublier. Adieu, mon cher marquis.
277. AU MÊME.
Péterswaldau, 30 octobre 1762.
Voici un changement de décoration, mon cher marquis. Je pars pour la Saxe; je compte être le 8 de novembre à Meissen, et de me battre, s'il le faut, envers et contre tous ceux qui voudront m'empêcher de nous joindre. Je fais les trois quarts du chemin; vous ferez, cet hiver, le reste, qui n'est pas considérable. Faites des vœux pour que malheur ne vous arrive. Je suis si accoutumé aux catastrophes, que j'appréhende sans cesse les événements futurs. Catt, qui n'appréhende rien, va à Berlin pour négocier. Pour moi, je tiens ce hasarda tout aussi grand que celui que j'ai à courir; mais il ne faut point le tirer des douces illusions qu'il se fait. C'est toujours un grand bien que d'être heureux en imagination. Il n'y a, à le bien considérer, que cette façon de l'être dans le monde. Qu'importe, après tout, que ce soit le mensonge ou la réalité qui nous procure notre contentement, pourvu que notre vie s'écoule agréablement? Le
a Allusion au mariage de M. de Catt, qui fut célébré à Berlin le 9 novembre 1762.