<42> fais étayer de coussins, et, soutenu ainsi qu'un vieux bâtiment qui va crouler, j'ai l'honneur d'écrire ces lignes à V. M., qui m'ont coûté bien des aïe! et des hé! car vous savez, Sire, que je ne suis rien moins que stoïcien. Au reste, V. M. ne me rend pas justice en croyant que la paresse me tient au lit. Passe encore, Sire, si vous aviez cette pensée lorsqu'il faut que de Potsdam je vienne à Berlin; mais pour rester à Berlin quand je puis être à Potsdam, il faut que je sois aussi paralytique que l'était celui de l'Évangile. Je guérirai pourtant, j'espère, dans trois ou quatre jours; et la pharmacie assure que je n'aurai pas pris encore deux douzaines de clystères, trois médecines et six bouteilles d'émulsion, que l'on me dira : Prends ton lit et marche,a et va à Potsdam. J'ai l'honneur, etc.

30. DU MÊME.

REQUÊTE D'UN PAUVRE MALADE A UN GRAND ROI QUI SE PORTE BIEN.

Potsdam, 28 mars 1750.b



Sire,

Je m'étais flatté, depuis deux jours, de l'heureuse espérance que je pourrais être assez fortuné pour faire ma cour à V. M.; mais me voilà encore perclus, depuis hier, de la moitié du corps. Une misérable humeur scorbutique prend à chaque moment diverses formes. M. Cothenius m'assure que, à l'aide d'une cure de dix ou douze jours, il me rendra aussi vigoureux qu'un athlète des jeux Olympiques; mais


a Saint Mathieu, chap. IX, v. 6.

b C'est par une erreur de transcription que cette lettre est datée de 1750, car l'abbé de Prades, lecteur du Roi, dont il y est parlé, ne vint à Berlin qu'au mois d'août 1752.