<422> dans Timée de Locres;a en vérité, je vous en fais mes remercîments au nom de toute la famille. On voit que les préjugés où vous êtes sur mon sujet, peut-être trop favorables, vous ont induit à dire plus de bien que mes frères et moi n'en méritons. Enfin, enfin, j'ai admiré l'adresse dont vous usez pour introduire le père Scheffmacher,b qui dogmatise le socinianisme, la sortie que vous faites contre Voltairec en l'opposant toujours à lui-même, en un mot, tout l'art que vous employez pour lier si adroitement vos citations, que ce n'est jamais vous qui touchez les matières scabreuses, de sorte que vous n'êtes que le rapporteur de différents procès, en vous tenant derrière le rideau. Mais quelle fantaisie de choisir ce Timée de Locres, qui en vérité est un obscur et plat seigneur? Je vous compare à une abeille qui, voltigeant sur des chardons, a le secret d'en tirer un miel délicieux. Sérieusement, votre ouvrage est bon, fait avec tout l'art et la sagesse possible, et rempli de la plus excellente érudition. J'ai fort applaudi à l'apologie de l'empereur Julien et à la manière dont vous convainquez les saints Pères de mensonges et de fraudes pieuses. Je serais obligé de copier tout l'ouvrage, si je voulais vous rendre compte de tout ce que j'approuve. Il n'y a qu'un article sur lequel je crois que vous n'avez pas eu assez de retenue : c'est celui de la vénalité des charges civiles en France. Cela vous a conduit sur un sujet délicat, en touchant la corde des maîtresses et des confesseurs des rois. Mais l'apologie du roi de Portugal est à merveille, et je pense comme vous au sujet de ce siècle philosophique, qui est en vérité aussi méchant et aussi barbare que les précédents. L'animosité, le désir de vengeance, l'ambition et le fanatisme seront en tout temps des sources de crimes et de forfaits. Ceux qui s'abandonnent à ces funestes passions bouleversent le monde, tandis que quelques pauvres


a Timée fie Locres, édit. d'Argens, p. 299 et 396.

b L. c., p. 157.

c L. c., p. 324 et suivantes.