<446> couleur à leurs mensonges, et les accréditeront dans le public. Tout le corps diplomatique sera ému en apprenant votre arrivée; les espions de trotter, et les fausses conjectures de s'étendre. Ce seront là les fruits de votre voyage, et puis qu'y ferez-vous? Vous avez une rente sur l'hôtel de ville, qu'on vous paye régulièrement. Vous voulez parler à vos amis? Vous pouvez faire la même chose en vous arrêtant à un village proche de la ville, où les gens auxquels vous avez affaire viendront vous trouver. Vous ferez bien de retomber par Bruxelles sur Wésel; mais, pour Dieu, ne dévorez point d'enfants dans votre voyage. La viande est à bon marché, vous pourrez en avoir partout; et, si votre imagination s'est échauffée au soleil ardent de Provence au point de vous faire jouer le monstre, que le soleil flegmatique de la Westphalie rafraîchisse votre tête au point de vous rendre, à votre retour, tel que je vous ai vu partir. Je vous attends, marquis, au mois de septembre; encore aurez-vous fait une prodigieuse diligence, car, autant que je m'en souviens, les trois rois ne faisaient en quinze jours que treize milles. Enfin vous en userez en tout ceci selon votre prudence ordinaire, et je recommande cela, ainsi que tout ce qui vous regarde, en la sainte garde du Père éternel.
297. AU MÊME.
(Landeck) ce 19 (août 1765).
Je suis bien aise qu'Helvétiusa ait donné signe de vie. Mandez-lui, s'il vous plaît, qu'il me ferait plaisir de m'envoyer ici une de ses têtes
a Helvétius vint à Berlin vers la fin du mois de mars 1760, et retourna dans son pays au commencement de juin. Voyez t. XVIII, p. 289.