<98> a découvert par cette lettre jusqu'où va la fureur du ministère de France, on y a vu, d'un autre côté, l'état misérable de leurs finances, puisque le maréchal écrit que, sans les contributions que Fischera doit lever, il est impossible de subvenir aux besoins les plus pressants de l'armée. Que sera-ce donc, si les Anglais font quelque coup d'éclat avant la fin de cette année?
Je ne doute pas que vous n'ayez encore bien des peines et des travaux avant la fin de la campagne; mais, pour mener les choses à une heureuse fin, vous n'avez pas besoin de vaincre, mais de temporiser. La guerre défensive est la ruine de vos ennemis. Il faut que la campagne finisse dans six semaines; les neiges et les glaces vous rendront la tranquillité. Comment vos ennemis pourront-ils vivre dans un pays où ils n'ont ni vivres, ni magasins? Quel argent immense faudra-t-il l'année prochaine aux Français pour continuer la guerre et pour payer les subsides à des alliés qui, sans ces mêmes subsides, ne peuvent agir! J'ai l'honneur, etc.
74. AU MARQUIS D'ARGENS.
Cottbus, 17 septembre 1759.
Voilà Berlin, à la vérité, hors de danger. Les Russes sont à Guben et à Forsta; mais je suis encore environné d'embarras cruels, de piéges et d'abîmes. Il est fort aisé, mon cher marquis, de dire, Il faut faire une guerre défensive; mais j'ai un si grand nombre d'ennemis, que force m'est d'embrasser l'offensive par nécessité. Je suis ici dans un
a Le colonel Fischer, qui commandait les troupes légères de l'armée du prince de Soubise (t. XII, p. 48), fut remplacé en 1761 par le marquis de Conflans.