297. AU MÊME.
(Landeck) ce 19 (août 1765).
Je suis bien aise qu'Helvétius446-a ait donné signe de vie. Mandez-lui, s'il vous plaît, qu'il me ferait plaisir de m'envoyer ici une de ses têtes<447> de ferme,447-a avec cinq subdélégués, que j'enverrai en même temps en diverses provinces pour faire leurs recherches, ce qui ira vite et terminera les choses promptement, car je les enverrai en même temps dans les cinq départements, l'un au Rhin et en Westphalie, l'autre à Magdebourg, Halberstadt, Hohnstein et la Marche, le troisième Poméranie et Nouvelle-Marche, le quatrième Silésie, et le cinquième en Prusse; de sorte que, dans trois mois, ces gens, se trouvant au fait de tout, pourront arranger leurs baux pour le 1er mai, que l'année des finances commence. Je vous félicite des belles opérations de finances que vous faites à Berlin; pour moi, je vis dans l'eau. Ma métamorphose dure encore jusqu'au 24, que je cesserai d'être poisson, et redeviendrai homme.447-b Je perds entièrement l'enflure de mes jambes, et j'espère que les forces, reviendront ensuite. Adieu, mon cher; je souhaite que votre bourse soit aussi pleine d'espèces que votre tête de métaphysique; l'un ne dérogera pas à l'autre.
NB. Pour ce qui regarde les postes, c'est encore un article très-important. Il dépendra de ces gens-là, si leurs propositions sont bonnes, de les affermer également. Il ne s'agit que de voir arriver un homme intelligent en toutes ces matières, et avec lequel on peut traiter. Le bail des accises et douanes ne peut être que pour six ans. Pour celui des postes, on l'étendra, parce qu'il faudra faire beaucoup de nouveaux établissements. Je m'engagerai dans la ferme pour quatre cent mille livres, ou cent mille écus d'ici.
446-a Helvétius vint à Berlin vers la fin du mois de mars 1760, et retourna dans son pays au commencement de juin. Voyez t. XVIII, p. 289.
447-a Voyez t. VI, p. 85 et 86. M. de La Haye de Launay, conseiller intime des finances et chef de la régie, eut sa première audience du Roi le 15 janvier 1766.
447-b Voyez la lettre de Frédéric à M. de Catt, du 22 août 1760.