<131> aucun risque, puisque la sincérité de mes sentiments vous est connue, aussi bien que mon attachement pour votre service et mon zèle pour votre auguste personne.
Si la guerre continue, il faut espérer que vous n'aurez plus autant d'armées ennemies sur les bras, et qu'il s'en détachera quelques parties. Si ce concert continue, naturellement nous devons succomber.
Les remarques auxquelles V. M. a donné le plus d'attention portent principalement sur trois points : 1o la manière de camper des Autrichiens; 2o l'attaque de leur armée en marche; 3o leur nombreuse artillerie.
Quant au premier point, qui est celui des camps inabordables des Autrichiens, tant sur leur front que sur leurs flancs, je crois qu'il ne serait à propos de les imiter que lorsqu'on aurait pour objet de leur défendre un passage ou l'entrée d'un pays, de couvrir une place, ou d'éviter le combat, supposé que notre armée fût de beaucoup inférieure à la leur. Autrement, deux armées qui auraient le même objet courraient risque de passer une campagne à ne rien faire de considérable, ce qui ne convient pas à notre situation; et c'est certainement aussi ce qui n'arrivera pas, car il se fera des détachements de part et d'autre, d'où il résultera dans la position des armées des changements qui pourront occasionner des combats.
Je pense qu'un camp qui aurait ses ailes bien appuyées, de manière à ne pouvoir être tourné, et dont le front ferait une pente, sans avantage réel de part ni d'autre, je pense, dis-je, qu'un pareil camp nous conviendrait. Une position semblable pourrait engager les Autrichiens à venir à nous, et nous donnerait la facilité de marcher à leur rencontre; il ne s'agirait alors que de trouver des camps dont les appuis étayeraient les ailes et les flancs.
Rien de plus solide, Sire, de mieux pensé et de plus désirable que d'attirer les ennemis dans la plaine. Il est vrai que ce projet n'est praticable que par le sacrifice d'une grande partie de votre pays; mais,