<299> dites-vous de cette ligue qui n'a pour objet que le marquis de Brandebourg? Le Grand Électeur serait bien étonné de voir son petit-fils aux prises avec les Russes, les Autrichiens, presque toute l'Allemagne, et cent mille Français auxiliaires. Je ne sais s'il y aura de la honte à moi à succomber, mais je sais qu'il y aura peu de gloire à me vaincre.
14. AU MÊME.
Faubourg de Breslau, 9 décembre 1757.
Mon cher mylord,
Je vous remercie, mon cher mylord, de la part que vous prenez à nos avantages. Le mauvais état de mes affaires de Silésie m'avait obligé d'y accourir après la bataille de Weissenfels.a Le 5 de ce mois, nous avons attaqué la grande armée autrichienne auprès de Lissa; la fortune nous a été favorable, et ils ont beaucoup souffert. Nous avons cent soixante-trois officiers des leurs prisonniers, dont deux lieutenants-généraux, au delà de vingt mille soldats, cent soixante-cinq canons, quarante-trois étendards ou drapeaux, et plus de trois mille chariots de bagage. Je suis actuellement occupé à reprendre Breslau, tandis que le général Zieten les talonne. Quando avrai fine il mio tormento!b Adieu, mon cher mylord; je vous embrasse.
a La bataille de Rossbach, gagnée le 5 novembre. Voyez t. IV, p. 172.
b Voyez t. XIX, p. 119.