<51> plus de plaisir, que l'on avait débité ici qu'elle avait marqué quelque envie de le revoir. Je sais même que le présidenta en avait été fort effrayé. Je crois que l'on saura un jour des choses bien singulières sur tout cela, que l'obscurité dérobe encore. Quoi qu'il en soit, Sire, votre gloire triomphe et triomphera toujours de tout. On est autorisé à s'amuser des choses agréables quand on en fait continuellement d'utiles, et c'est d'après celles-ci que les princes sont jugés par les sages et par la postérité. Que l'Épître à votre esprit,b Sire, ne peut-elle être publique! V. M. doit permettre qu'on la lui dérobe quand elle voudra publier la meilleure de toutes les apologies.
On assure ici que M. de Voltaire passera tout l'été à Plombières, et qu'il se fixera ensuite à Strasbourg; il a fait des démarches pour aller à Lunéville, mais sans succès. Tout ce qui tient à ce pays-ci ne se prêtera jamais à rien qui paraisse s'éloigner de la considération particulière que l'on aime à y marquer à V. M.
Il est vrai, Sire, que ma santé est toujours fort dérangée; cet hiver a été et trop rude, et trop long; tous les climats se sont ressemblés. D'ailleurs, V. M. sait mieux qu'aucun autre à quel point les âmes sensibles sont affectées de tout ce qui les environne. Ce don malheureux de la nature n'est point affaibli chez moi, et le souvenir des bontés de V. M. se représente très-souvent à mon cœur et à mon esprit de la manière la plus attendrissante; la grâce que vous daignez me faire, Sire, en me les continuant, redouble encore cet attendrissement. J'ose supplier V. M. de ne pas m'en retirer les témoignages. Je compte toujours fermement sur la protection qu'elle a daigné me promettre; c'est sur votre appui, Sire, que je fonde les plus fortes espérances. Il est dans la bonté du cœur de V. M. d'aimer que je lui doive mon bonheur, même dans l'éloignement, et il redoublera de prix pour moi quand je le tiendrai d'elle.
a Maupertuis, président de l'Académie de Berlin. Voyez ci-dessus, p. 43.
b Voyez t. X, p. 248-258.