<65> cet état qu'à la tranquillité de son caractère. Il n'y a pas trois ans qu'il fit cet impromptu :
Heureux qui ne connaît que ce drôle immodeste
Qui du sexe est toujours vainqueur!
On sait où le mettre de reste;
On ne sait où placer son cœur.
Cela est si plaisamment philosopher à quatre-vingt-dix-neuf ans, que je me flatte que V. M. me pardonnera de lui parler de cette polissonnerie.
Les comédiens français représentent avec succès la tragédie de Philoctète, de M. de Châteaubrun, auteur des Troyennes, que l'on donna il y a un an. Les caractères d'Ulysse et de Philoctète y sont heureusement rendus d'après Homère; cet ouvrage est semé de vers bien faits et de maximes admirables. Un financier dit l'autre jour, à propos de cette pièce : « Cela est assez beau, mais j'aime encore mieux le Sophocle d'Euripide. » Les plaisants disent que ce sont les quatrains de Pibrac mis en action. Je n'ai point vu cette nouveauté, Sire; je suis retenu ici par une humeur de goutte qui s'est réunie à mes autres incommodités. Ma triste expérience me fait admirer bien plus qu'autrefois encore la tranquillité avec laquelle j'ai vu V. M. souffrir les douleurs de cette cruelle maladie. Puisse-t-elle en être préservée pour longtemps! Cet hiver est bien long, et je crains toujours pour votre santé, Sire, l'espèce de solitude à laquelle vous vous condamnez pendant cette saison. V. M. permettra bien à un ancien domestique, toujours également et respectueusement dévoué, de lui montrer à cet égard ses alarmes et ses vœux. Je suis, etc.