<67>teste encore à V. M. que je ne désire de fortune que pour pouvoir être en état d'aller de temps en temps lui montrer l'objet de ses bienfaits et prendre à ses pieds de nouveaux motifs de l'aimer et de l'admirer. V. M. a bien voulu me le permettre et me le promettre en me congédiant à Wésel, et je la conjure de ne jamais rappeler de cette grâce.
Voilà, Sire, une Épître nouvelle de M. de Voltaire; je souhaiterais bien avoir le mérite de la nouveauté en l'envoyant à V. M. Il y a des choses charmantes, comme dans tout ce qui vient de lui. Il est dans la plus grande inquiétude sur le sort de sa Pucelle, dont il court des copies dans le monde, et qu'il tremble qu'elle ne soit imprimée; j'ai trouvé ici deux lettres de lui à cette occasion. Il me dit, dans une, avoir envoyé à V. M. le fils de Willelme,a qu'elle veut avoir pour son copiste, et qu'il lui a payé son voyage; enfin ses lettres sont toutes tendres et toutes bonnes : il croit avoir besoin de moi.
J'ai vu à Liége un cabinet de tableaux où il y en a deux ou trois qui mériteraient de passer dans la galerie de Sans-Souci; j'ai prié qu'on m'en envoyât le catalogue, sans dire l'usage que j'en voulais faire. Je le ferai parvenir à V. M., et, si ces tableaux peuvent lui convenir, j'ai là quelqu'un qui pourra, à la vente, les acheter avec la conduite que M. Mettra met ici dans ces sortes d'affaires.
J'ai déjà agi pour l'autre commission que V. M. a eu la bonté de me donner, et elle peut être assurée qu'elle sera faite le mieux qu'il sera possible, à son entière satisfaction, dont on est véritablement occupé, et aussi à la manière de M. Mettra.
Je suis avec le plus profond respect, etc.
a Proprement Villaume. Voyez t. XIX, p. 301.