<71> idée, et que je mets toujours dans mes espérances de revoir encore. Il ne faut pas moins que ces ressources de mon imagination, Sire, pour m'en imposer sur les réalités que j'éprouve.
L'arrangement général qui vient d'être fait dans les finances éloigne pour longtemps peut-être l'effet des promesses de M. de Séchelles, et ma mauvaise santé rend mes besoins pressants. Daignez me renouveler votre puissante protection, Sire, je vous en conjure; un mot de V. M. à M. de Séchelles en ma faveur le déciderait à me donner un intérêt dans la ferme des postes, qui va se renouveler. Mais, si V. M. ne croit pas devoir lui en écrire directement, ce qui serait décisif, qu'elle veuille bien en marquer quelque chose à M. le maréchal de Belle-Isle, en écrire encore à M. le baron de Knyphausen, et enfin en parler avec le ton de l'intérêt et de la bonté à M. le duc de Nivernois. Ce n'est qu'en tremblant que je demande cette grâce à V. M., mais c'est à son bon cœur que j'en appelle. Elle daignera se prêter à assurer ma fortune et celle de mon fils par un mot qui, j'ose le lui dire, ne la compromettra pas. Je l'espère de votre bonté infinie pour moi, Sire, mais l'instant est pressant; ce renouvellement des postes se fera dans le courant de cette année, et il m'est de la plus grande importance de n'être pas prévenu. Si je manque cette affaire, qui est sûre, tranquille, et la seule peut-être qui me convienne, toutes mes espérances seront reculées au point d'être presque détruites. Si je ne suis pas assez heureux pour que V. M. m'accorde cette grâce, que je ne sois pas au moins assez à plaindre pour qu'elle ne me pardonne point d'avoir osé la lui demander. Je suis avec le plus profond respect, etc.