<88>lera également, dans quelque endroit que vous vous trouviez. Je prends congé de vous, puisque vous renoncez au monde, et je vous abandonne à la bizarrerie des aventures que votre étoile errante vous réserve.a
4. AU MÊME.
Berlin, 24 juillet 1744.
Pour répondre à votre lettre du 11 de ce mois, remplie des marques de votre repentir, je vous dirai que vous avouerez vous-même que votre conduite envers moi a été ridicule, irrégulière, et même indigne. Après vous avoir fait sentir à diverses reprises mes bontés et ma protection, vous ayant, entre autres bienfaits, donné la valeur de six mille écus pour vous tirer de l'abîme de vos dettes, vous vous êtes avisé légèrement de quitter mon service sans rime et sans raison, et avec une imprudence dont il y a peu d'exemples.
Une ingratitude si marquée me devrait empêcher de faire grâce à un homme qui a assez fait connaître que ses prétendues lumières ne sauraient jamais être accompagnées de droiture, de fidélité et de reconnaissance; ce qui me rappelle le souvenir d'une certaine lettre que j'ai trouvée parmi les papiers de feu mon père de glorieuse mémoire, où l'épiphonème était conçu dans ces termes : « Quand deviendrez-vous sage ... mon Dieu! »
On doit conclure de tout cela que, si je voulais agir selon les règles ordinaires de la justice et de la raison, je serais obligé de vous abandonner entièrement, en vous laissant vous tirer vous-même des tristes suites de votre sottise. Mais, comme je veux prendre en considération que, nonobstant votre esprit, la nature vous a refusé le
a Voyez t. XV, p. XX. no XXVIII, p. XXI, no XXIX, p. 208-210, et 211-213.