23. AU MÊME.
Bettlern, 3 juin 1762.
Votre lettre flatteuse et louangère, monsieur le baron, me tire le dernier écu de la poche. C'est le denier de la veuve; ce n'est pas grand'<102> chose, mais cela fera aller votre marmite tant bien que mal. Le temps est mauvais pour tous ceux auxquels je dois, mais je vous promets les dépouilles de la première église de jésuites que nous pillerons, et, si jamais je vous vois la bourse remplie, je vous croirai rajeuni de vingt ans. Voici deux paix que nous venons de faire tout de suite. Si je compte bien sur mes doigts le nombre de mes ennemis, je crois qu'il nous en faut encore quatre pour terminer nos affaires. Le ciel, dont la prudence s'étend plus loin que celle des hommes, mènera cette affaire-ci comme il lui plaira; pour moi, instrument aveugle et indigne de la Providence, j'y coopérerai selon le degré de grâce et d'illumination que je recevrai du Saint-Esprit. Vous savez que c'est de là que nous vient tout notre bonheur. Je vous recommande aux intercessions de sainte Hedwige, en priant Dieu, monsieur le baron, qu'il vous ait, etc.