7. DU BARON DE L. M. FOUQUÉ.

Elseneur, 28 juin 1740.



Sire,

127-bQui suis-je, pauvre mortel, que mon seigneur et mon roi daigne se souvenir de son serviteur avec tant de grâces et de bonté, dans le temps même que V. M. consacre ses moments précieux et ses soins aux besoins de son peuple. Quant à moi, j'en ai l'âme ravie, et tout le monde, Sire, retentit de l'éclat de votre gloire, non dans ce vain éclat d'un Crésus, mais semblable à la sagesse d'un Solon, qui n'a que la vertu pour guide. Vos bienfaits, Sire, et le temps, ne vous feront reconnaître que des ingrats, car vos grâces surpassent leurs forces et leur attente.

Je relus hier la lettre de V. M., et jamais je ne ressentis plus de joie.

Christian vient de m'octroyer le congé et de me marquer par son greffier que, en considération du parfait dévouement qu'il se ressent<128> pour V. M., il me le donne avec le brevet de colonel, m'ordonne encore de me rendre à Schlev.,128-a où il veut me voir et me parler.

Je pars demain, et me rendrai le plus prompt que possible aux pieds de V. M., pour lui renouveler les vœux d'une affection et d'une fidélité inviolable, l'entière soumission et le profond respect avec lesquels je suis, etc.


127-b Minute autographe.

128-a Ce mot, fidèlement copié sur l'original, est probablement l'abréviation de Schleswig.