<200> à l'infini, ce que cet homme fera. Ainsi ce qui dans nous est science de conjecture, et qui ne nuit point à la liberté, est dans Dieu science certaine, tout aussi peu nuisible à la liberté. Cette manière de raisonner n'est pas, me semble, si ridicule.
Mais je m'aperçois, monseigneur, que je le suis très-fort en vous ennuyant de mes idées, et en affaiblissant celles des autres. Votre seule bonté me rassure. Je vois que votre cœur est aussi humain que votre esprit est étendu. Je vois, par vos vers à M. de Keyserlingk, combien vous êtes capable d'aimer : aussi ma quatrième Épître sur le Bonheur finira par l'amitié; sans elle il n'y a point de bonheur sur la terre.
Madame la marquise du Châtelet vous admire si fort, qu'elle n'ose vous écrire. Je suis donc bien hardi, monseigneur, moi qui vous admire tout autant pour le moins, et qui me répands en ces énormes bavarderies.
Que ne puis-je vous dire :
........In publica commoda peccem,
Si longo sermone morer tua tempora, Caesar.a
Je suis avec un profond respect, un attachement, une reconnaissance sans bornes, etc.
49. A VOLTAIRE.
Remusberg, 28 mars 1738.b
Monsieur, j'ai reçu votre lettre du 8 de ce mois avec quelque sorte d'inquiétude sur votre santé. M. Thieriot me marque qu'elle n'était
a Horace, Epîtres, liv. II, ép. 1, Ad Augustum, v. 3 et 4.
b Le 17 mars 1738. (Variante des Œuvres posthumes, t. VIII, p. 369.)