<225> ainsi, nous verrions une république plus parfaite et plus heureuse que celle de Platon.
Cette saison, qui est pour moi le semestre de Mars,a m'a tant fourni d'occupation, qu'il m'a été impossible de vous répondre plus tôt. J'ai reçu encore la cinquième Épître sur le Bonheur, et je réponds à toutes ces lettres à la fois.
Pour vous parler avec ma franchise ordinaire, je vous avouerai naturellement que tout ce qui regarde l'Homme-Dieub ne me plaît point dans la bouche d'un philosophe, d'un homme qui doit être au-dessus des erreurs populaires. Laissez au grand Corneille, vieux radoteur et tombé dans l'enfance, le travail insipide de rimer l'Imitation de Jésus-Christ, et ne tirez que de votre fonds ce que vous avez à nous dire. On peut parler de fables, mais seulement comme fables; et je crois qu'il vaut mieux garder un silence profond sur les fables chrétiennes, canonisées par leur ancienneté et par la crédulité des gens absurdes et stupides.
Il n'y aurait qu'au théâtre où je permettrais de représenter quelque fragment de l'histoire de ce prétendu Sauveur; mais dans votre cinquième Épîtrec il paraît que trop de condescendance pour les jésuites ou la prêtraille vous a déterminé à parler de ce ton.
Vous voyez, monsieur, que je suis sincère. Je puis me tromper, mais je ne saurais vous déguiser mes sentiments.
Césarion a reçu avec joie et avec transport la lettre que vous lui avez écrite. Vous recevrez sa réponse sous ce même couvert. Nous allons nous séparer pour un temps, puisque je suivrai le Roi au pays
a Frédéric séjourna à Berlin du 27 mai au 11 juin 1738, pour passer en revue avec son régiment. Voyez sa correspondance avec Suhm et avec Camas, t. XVI, p. 386 et 164. Voyez aussi t. XIV, p. 61.
b Allusion à ces vers du septième Discours sur l'Homme : Quand l'ennemi divin des scribes et des prêtres...
L'Homme-Dieu, etc.
Œuvres de Voltaire
, édit. Beuchot, t. XII, p. 97.c Frédéric veut dire le septième Discours sur l'Homme. Sur la vraie Vertu.