<235>Allons monter au trône, en y plaçant ma mère;
Et vous, mon cher Narbas, soyez toujours mon père.a
Cet et vous, mon cher Narbas, est-ce à dire qu'on placera Narbas sur le trône en y plaçant ma mère et vous? ou est-ce à dire : Narbas, vous me servirez toujours de père? Ne pourriez-vous pas mettre :
Allons monter au trône, et plaçons-y ma mère;
Pour vous, mon cher Narbas, soyez toujours mon père.
Voilà qui est bien impertinent; je mériterais d'être chassé à coups de fouet du Parnasse français. Il n'y a que l'intérêt de mon ami qui me fasse commettre des incongruités pareilles. Je vous prie, reprenez-moi, et mettez-moi dans mon tort. Vous aurez trouvé que ce plaçons-y n'est pas assez harmonieux; je l'avoue, mais il est plus intelligible.b
Voilà ma pièce politique, telle que j'ai eu le dessein de la faire imprimer. J'espère qu'elle ne sortira point de vos mains; vous en comprendrez aisément les conséquences. Je vous prie de m'en dire votre sentiment en gros, sans entrer dans aucun détail des faits. Il y manque un mémoire que j'aurai dans peu, et que vous pourrez toujours y faire ajouter.
Les Mémoires de l'Académie, que je fais venir, seront ma tâche pour cet été et pour l'automne. Je vous suis, quoique de loin, dans mes occupations, et comme une tortue se traîne sur les traces d'un cerf.
Le jeune homme, auteur de l'allégorie, charmé de votre approbation, sent échauffer sa veine. Elle a déjà produit quelque échantillon nouveau, comme vous le pourrez voir. Il n'y a que le nom de Voltaire qui nous fasse composer, tous tant que nous sommes. Ce
a Voltaire n'a rien changé à ces deux vers, qui terminent sa tragédie.
b Les alinéa précédents, à partir des mots « Serait-il permis, » manquent dans l'édition de Kehl. Nous les tirons des Œuvres posthumes, t. VIII, p. 374 et 375.