<280> doute, car je n'ai pas seulement pu abréger ma lettre. A propos, comment se porte Louis XIV? Vous allez dire : Quel importun! cet Apicius n'est jamais rassasié de mes ouvrages.
Assurez, je vous prie, cette déesse qui transforma Newton en Vénus, de mes adorations; et si vous voyez un certain poëte philosophe, l'auteur de la Henriade et de l'Épître à Uranie, assurez-le que je l'estime et le considère on ne peut pas davantage.
72. DE VOLTAIRE.
Cirey, 1er janvier 1739.
Jeune héros, esprit sublime,
Quels vœux pour vous puis-je former?
Vous êtes bienfaisant, sage, humain, magnanime;
Vous avez tous les dons, car vous savez aimer.
Puissent les souverains qui gouvernent les rênes
De ces puissants Etats gémissant sous leurs lois
Dans le sentier du vrai vous suivre quelquefois,
Et, pour vous imiter, prendre au moins quelques peines!
Ce sont là tous mes vœux, ce sont là les étrennes
Que je présente à tous les rois.
Comme j'allais continuer sur ce ton, monseigneur, la lettre de V. A. R. et l'Épître au prince qui a le bonheur d'être votre frère sont venues me faire tomber la plume des mains. Ah! monseigneur, que vous avez un loisir singulièrement employé, et que le talent extraordinaire, dans tout homme né hors de France, de faire des vers français, et plus rare encore dans une personne de votre rang, s'accroît et se fortifie de jour en jour! Mais que ne faites-vous point!