<311> dérober, à nous autres hommes, tous les avantages dont notre sexe est privilégié. Je tremble que, si elle se mêle de commander des armées, elle ne fasse rougir les cendres des Condé et des Turenne. Opposez-vous à des progrès qui nous en font encore envisager d'autres dans l'éloignement, et faites du moins qu'une sorte de gloire nous reste.
Césarion, qui me tient compagnie, vous assure mille fois de son amitié; il ne se passe point de jour que nous ne nous entretenions sur votre sujet.
Je suis rempli de projets; pour peu que ma santé revienne, vous serez inondé de mes ouvrages, à Cirey, comme le fut l'Italie par l'invasion des Goths. Je vous prie d'être toujours mon juge, et non pas mon panégyriste. Je suis avec l'estime la plus fervente, mon cher ami, etc.
82. AU MÊME.
Remusberg, 22 mars 1739.
Mon cher ami, je me suis trop pressé de vous découvrir mes projets de physique. Il faut l'avouer, ce trait sent bien le jeune homme qui, pour avoir pris une légère teinture de physique, se mêle de proposer des problèmes aux maîtres de l'art. J'en fais amende honorable en rougissant, et je vous promets que vous ne m'entendrez plus parler de périhélies, ni d'aphélies, qu'après m'en être bien instruit préalablement.a Passez cependant à un ignorant de vous faire une petite objection sur ce vide que vous supposez entre le soleil et nous.
Il me semble que, dans le Traité de la lumière, Newton dit que les rayons du soleil sont de la matière, et qu'ainsi il fallait qu'il y eût un
a Cette phrase manque dans l'édition de Kehl; mais elle se trouve dans les Œuvres posthumes, t. IX, p. 50 et 51.