<336>Mille assurances d'estime à la divine Émilie, ma rivale dans votre cœur. J'espère que vous tiendrez les engagements de docilité que vous avez pris avec Superville. Césarion vous dit tout ce qu'un cœur comme le sien pense lorsqu'il a été assez heureux pour connaître le vôtre; et moi, je suis plus que jamais, etc.
92. AU MÊME.
Berlin, 7 juillet 1739.
Mon cher ami, j'ai reçu l'ingénieux Voyage du baron de Gangan à l'instant de mon départ de Remusberg. Il m'a beaucoup amusé, ce voyageur céleste; et j'ai remarqué en lui quelque satire et quelque malice qui lui donne beaucoup de ressemblance avec les habitants de notre globe, mais qu'il ménage si bien, qu'on voit en lui un jugement plus mûr et une imagination plus vive qu'en tout autre être pensant. Il y a, dans ce Voyage, un article où je reconnais la tendresse et la prévention de mon ami en faveur de l'éditeur de la Henriade. Mais souffrez que je m'étonne qu'en un ouvrage où vous rabaissez la vanité ridicule des mortels, où vous réduisez à sa juste valeur ce que les hommes ont coutume d'appeler grand; qu'en un ouvrage où vous abattez l'orgueil et la présomption, vous vouliez nourrir mon amour-propre, et fournir des arguments à la bonne opinion que je puis avoir de moi-même.
Tout ce que je puis me dire à ce sujet peut se réduire à ceci, qu'un cœur pénétré d'amitié voit les objets d'une autre manière qu'un cœur insensible et indifférent.
J'espère que ma dernière lettre vous sera parvenue en compagnie