<396> Permettriez-vous qu'on ajoutât à ce chapitre un petit mot pour faire voir que Machiavel même ne devait pas regarder ces menaces comme justifiées par l'événement? Car, de son temps même, un Sforce, usurpateur, avait été assassiné dans Milan; un autre usurpateur du même nom était à Loches, dans une cage de fer; un troisième usurpateur, notre Charles VIII, avait été obligé de fuir de l'Italie, qu'il avait conquise; le tyran Alexandre VI mourut empoisonné de son propre poison; César Borgia fut assassiné. Machiavel était entouré d'exemples funestes au crime. V. A. R. en parle ailleurs; voudrait-elle en parler en cet endroit? n'est-ce pas la place véritable? Je m'en rapporte à vos lumières.
C'est à Hercule à dire comme il faut s'y prendre pour étouffer Antée.
Je présente à mon prince ce petit projet de préface que je viens d'esquisser. S'il lui plaît, je le mettrai dans son cadre; et, après les derniers ordres que je recevrai, je préparerai tout pour l'édition du livre qui doit contribuer au bonheur des hommes.
M. de Valori me fait bien de l'honneur de croire qu'on me traite comme Socrate et comme Aristote, et qu'on me persécute pour avoir soutenu la vérité contre la folle superstition des hommes. Je tâcherai de me conduire de façon que je ne sois point le martyr de ces vérités dont la plupart des hommes sont fort indignes. Ce serait vouloir attacher des ailes au dos des ânes, qui me donneraient des coups de pied pour récompense.
Je fais copier le Mahomet que V. A. R. demande. Je ne sais si cette pièce sera jamais représentée; mais que m'importe? C'est pour ceux qui pensent comme vous que je l'ai faite, et non pour nos badauds qui ne connaissent que des intrigues d'amour, baptisées du nom de tragédie.
Je crois que V. A. R. aura incessamment celle de Gresset; on dit qu'il y a de très-beaux vers.