<410>Vous devait bien le même honneur
Chez maître Pine, l'imprimeur.
Vous voyez, mon cher Voltaire, la différence qu'il y a entre les décrets d'Apollon et les fantaisies d'un imprimeur. Je soutiens la gloire de ce dieu en accélérant la publication de votre ouvrage. J'espère de réduire bientôt les caprices de cet Anglais en satisfaisant son avidité intéressée.
Assurez, je vous prie, la marquise du Châtelet de mes attentions. Ménagez la santé d'un homme que je chéris, et n'oubliez jamais que, étant mon ami, vous devez apporter tous vos soins à me conserver le bien le plus précieux que j'aie reçu du ciel. Donnez-moi bientôt des nouvelles de votre convalescence, et comptez que, de toutes celles que je puis recevoir, celles-là me seront les plus agréables. Adieu; je suis tout à vous.
Voici un petit paquet que Césarion vous envoie. J'espère que son souvenir ne vous sera pas indifférent, et que vous apprendrez avec plaisir que sa santé se fortifie de jour en jour.a
118. DE VOLTAIRE.
(Bruxelles) avril 1740.
Monseigneur, votre idée m'occupe le jour et la nuit. Je rêve à mon prince comme on rêve à sa maîtresse.
Tempus erat, quo prima quies mortalibus aegris
Incipit, et dono divum gratissima serpit.
In somnis, ecce, ante oculos pulcherrimus heros
Visus adesse mihi........b
a Ce post-scriptum, omis dans l'édition de Kehl, est tiré des Œuvres posthumes, t. X, p. 146.
b Virgile, Énéide, liv. II, v. 268-271.