<87> eut Leibniz pour son directeur. Tant que la Reine vécut, l'Académie se soutint assez bien; mais après sa mort il n'en fut pas de même. Le Roi son époux la suivit de près. D'autres temps, d'autres soins. A présent les arts dépérissent; et je vois, les larmes aux yeux, le savoir fuir de chez nous, et l'ignorance, d'un air arrogant, et la barbarie des mœurs, s'en approprier la place.
Du laurier d'Apollon, dans nos stériles champs.
La feuille négligée est désormais flétrie;
Dieux! pourquoi mon pays n'est-il plus la patrie
Et de la gloire, et des talents?
Je crois avoir porté un jugement juste sur l'Enfant prodigue. Il s'y trouve des vers que j'ai d'abord reconnus pour les Nôtres; mais il y en a d'autres qui m'ont paru plutôt l'ouvrage d'un écolier que d'un maître.
Nous avons l'obligation aux Français d'avoir lait revivre les sciences. Après que des guerres cruelles, l'établissement du christianisme et les fréquentes invasions des barbares eurent porté un coup mortel aux arts réfugiés de Grèce en Italie, quelques siècles d'ignorance s'écoulèrent, quand, enfin, ce flambeau se ralluma chez vous. Les Français ont écarté les ronces et les épines qui avaient entièrement interdit aux hommes le chemin de la gloire qu'on peut acquérir dans les belles-lettres. N'est-il pas juste que les autres nations conservent l'obligation qu'elles ont à la France du service qu'elle leur a rendu généralement? Ne doit-on pas une reconnaissance égale à ceux qui nous donnent la vie, et à ceux qui nous fournissent les moyens de nous instruire?
Quant aux Allemands, leur défaut n'est pas de manquer d'esprit. Le bon sens leur est tombé en partage; leur caractère approche assez de celui des Anglais. Les Allemands sont laborieux et profonds; quand une fois ils se sont emparés d'une matière, ils pèsent dessus. Leurs livres sont d'un diffus assommant. Si on pouvait les corriger de leur