<108>le monde des détails de cette journée;a elle a eu, je crois, autre chose à faire que des relations; mais votre modestie est trahie par quelques témoins oculaires, qui disent tous qu'on ne doit le gain de la bataille qu'à l'excès de courage et de prudence que vous avez montré. Ils ajoutent que mon héros est toujours sensible, et que ce même homme qui fait tuer tant de monde est au chevet du lit de M. de Rottembourg.b Voilà ce que vous ne mandez point, et que vous pourriez pourtant avouer, comme des choses qui vous sont toutes naturelles.
Continuez, Sire; mais faites autant d'heureux au moins dans ce monde que vous en avez ôté; que mon Alexandre redevienne Salomon le plus tôt qu'il pourra, et qu'il daigne se souvenir quelquefois de son ancien admirateur, de celui qui par le cœur est à jamais son sujet; de celui qui viendrait passer sa vie à vos pieds, si l'amitié, plus forte que les rois et que les héros, ne le retenait, et qui sera attaché à jamais à V. M. avec le plus profond respect et la plus tendre vénération.
181. A VOLTAIRE.
Camp de Kuttenberg, 18 juin 1742.
Les palmes de la paixc font cesser les alarmes,
Au tranquille olivier nous suspendons nos armes.
Déjà l'on n'entend plus le sanguinaire son
Du tambour redoutable et du bruyant clairon;
Et ces champs que la Gloire, en exerçant sa rage.
a La bataille de Chotusitz, livrée le 17 mai 1742. Voyez t. II, p. 136-140.
b L. c., p. 168.
c Les préliminaires de la paix furent signés à Breslau le 11 juin 1742. Voyez t. II, p. 145.