<143>D'Argens a fait représenter sa comédie,a qui nous a fait bâiller tous. Il voulait la donner au théâtre de Paris; mais je l'en ai dissuadé, car il aurait été sifflé à coup sûr. Vous êtes unique : vous avez fait une tragédie à dix-neuf ans,b et un poëme épique à vingt;c mais tout le monde n'est pas Voltaire.

Les tracasseries ridicules des dévots de Paris sont parvenues jusqu'au Nord. Je m'attendais bien que Voltaire serait réprouvé dès qu'il comparaîtrait devant un aréopage de Midas crossés-mitrés. Gagnez sur vous de mépriser une nation qui méconnaît le mérite des Belle-Isle et des Voltaire, et venez dans un pays où l'on vous aime, et où l'on n'est point bigot. Adieu.

La Pucelle! la Pucelle! la Pucelle! et encore la Pucelle! Pour l'amour de Dieu, ou plus encore pour l'amour de vous-même, envoyez-la-moi.

200. AU MÊME.

Potsdam, 21 mai 1743.

Depuis quand, dites-moi,
Voltaire, Etes-vous donc dégénéré?
Chez un philosophe épuré
Quoi! la grâce efficace opère!
Par Mirepoixd endoctriné,


a L'Embarras de la cour. Voyez t. XVII, p. 197 et 224.

b Œdipe, composé en 1713.

c Le commencement de la Henriade.

d Boyer, ancien évêque de Mirepoix. Voyez t. XVII, p. 274.