<260> est en sûreté. Je souhaite à V. M. autant d'années que de gloire. Je lui renouvelle, pour l'année 1750, mes respects, mon admiration et mon tendre dévouement.

252. A VOLTAIRE.a

Berlin, 11 janvier 1750.

J'ai vu le roman de Nanine,
Elégamment dialogué,
Par hasard, je crois, relégué
Sur la scène aimable et badine
Où triomphèrent les écrits
De l'inimitable Molière.
Si sa muse fut la première,
Sur le théâtre de Paris,
Qui donna des grâces aux ris,
Gare qu'elle soit la dernière.
Il terrassa tous vos marquis,
Précieuses, faux beaux esprits,
Faux dévots à triple tonsure,
Nobles sortis de la roture,
Médecins, juges et badauds;
Molière voyait la nature,
Il en faisait de grands tableaux.
Les goûts frelatés et nouveaux
Qu'introduisirent ses rivaux
Lassés de sa forte peinture,
A la place de nos défauts


a Le texte de cette lettre, qui se trouve déjà dans notre t. XI, p. 164-167 est tiré des Œuvres du Philosophe de Sans-Souci, 1750, t. III, p. 212-216.