<274>une telle correspondance, des hommes qui aient l'approbation du public. Il s'en faut beaucoup qu'on regarde Fréron comme digne d'un tel honneur. C'est un homme qui est dans un décri et dans un mépris général, tout sortant de la prison où il a été mis pour des choses assez vilaines. Je vous avouerai encore, Sire, qu'il est mon ennemi déclaré, et qu'il se déchaîne contre moi dans de mauvaises feuilles périodiques, uniquement parce que je n'ai pas voulu avoir la bassesse de lui faire donner deux louis d'or, qu'il a eu la bassesse de demander à mes gens, pour dire du bien de mes ouvrages. Je ne crois pas assurément que V. M. puisse choisir un tel homme. Si elle daigne s'en rapporter à moi, je lui en fournirai un dont elle ne sera pas mécontente; si elle veut même, je me chargerai de lui envoyer tout ce qu'elle me commandera. Ma mauvaise santé, qui m'empêche très-souvent d'écrire de ma main, ne m'empêchera pas de dicter les nouvelles. En un mot, je suis à ses ordres pour le reste de ma vie.
258. DU MÊME.
Paris, vendredi 3 avril 1750.
Sire, voici des rogatons qui m'arrivent, dans l'instant, de l'imprimerie. Jugez le procès des anciens et des modernes. Vous qui abrégez les procès dans votre royaume, mettez fin au nôtre d'un mot. V. M. est accoutumée à décider toutes les querelles par la plume comme par l'épée, sans y perdre beaucoup de temps. Je n'ai que celui de lui envoyer ces bagatelles; la poste va partir. Voyez, Sire, combien l'heure presse; vous n'aurez pas seulement quatre vers cette fois-ci.