283. DU MÊME.
(1751.)
Sire, j'ai lu, la nuit et ce matin, depuis le Grand Électeur jusqu'à la fin, parce qu'on ne peut pas lire deux moitiés à la fois. Quand vous n'auriez fait que cela dans votre vie, vous auriez une très-grande réputation. Mais cet ouvrage, unique en son genre, joint aux autres, et, par parenthèse, à cinq victoires et tout ce qui s'ensuit, fait de vous l'homme le plus rare qui ait jamais existé. Je remercie mille fois V. M. du beau présent qu'elle a daigné me faire. Grand Dieu! que tout cela est net, élégant, précis, et surtout philosophique! On voit un génie qui est toujours au-dessus de son sujet. L'histoire des mœurs, du gouvernement et de la religion est un chef-d'œuvre. Si j'avais une chose à souhaiter, et une grâce à vous demander, ce serait que le roi de France lût surtout attentivement l'article de la religion, et qu'il envoyât ici l'ancien évêque de Mirepoix.
Sire, vous êtes adorable. Je passerai mes jours à vos pieds. Ne me laites jamais de niches. Si des rois de Danemark, de Portugal, d'Espagne, etc., m'en faisaient, je ne m'en soucierais guère; ce ne sont que des rois. Mais vous êtes le plus grand homme qui peut-être ait jamais régné.
Et notre sixième chant, Sire, l'aurons-nous?