298. DU MÊME.
Vendredi, à neuf heures du soir (1751).
Sire, le médecin joyeuxa a sans doute mandé à Votre Majesté que, lorsque nous sommes arrivés, le malade dormait tranquillement, et que Cotheniusb nous a assuré, en latin, qu'il n'y avait aucun danger. Je ne sais pas ce qui s'est passé depuis, mais je suis persuadé que V. M. a approuvé mon voyage. Je me flatte que je viendrai bientôt me remettre aux pieds de V. M.
299. DU MÊME.
(28 décembre 1751.)
Sire, comme vos ouvrages sont plus tentants que les miens, il pourra bien quelque jour arriver à V. M. ce qui m'arrive. A mesure qu'on imprimait, chez Henning, les feuilles du Siècle de Louis XIV,c on les envoyait à Francfort-sur-l'Oder. Non seulement on y débite le livre publiquement, mais l'ouvrage est plein de fautes absurdes. Je ne parle pas de la perte que j'essuie; mais le pauvre Francheville perd tout le prix de six mois de peine, et je suis déshonoré par une friponnerie de libraire. Les fins d'année ne me sont pas heureuses. Mais je vous ai consacré ma vie, et avec cela on n'est point à plaindre.
V. M. peut, d'un mot, non seulement faire arrêter le libraire à
a La Mettrie.
b Voyez t. XIII, p. 34; t. XIX, p. 38; et t. XX, p. 137.
c Le Siècle de Louis XIV. Publié par M. de Francheville, conseiller aulique de Sa Majesté, et membre de l'Académie royale des sciences et belles-lettres de Prusse. A Berlin, chez C.-F. Henning, imprimeur du Roi, MDCCLI, deux volumes in-12.