<334> sera peut-être bien aise de relire l'Éloge de La Mettrie.a Cet Éloge est plus philosophique que tout ce que ce fou de philosophe avait jamais écrit. Les grâces et la légèreté du style de cet Éloge y parent continuellement la raison. Il n'en est pas de même de la pesante lettre de Haller, qui a la sottise de prendre sérieusement une plaisanterie. La réponse grave de Maupertuis n'était pas ce qu'il fallait. C'était bien le cas d'imiter Swift, qui persuadait à l'astrologue Partridge qu'il était mort. Persuader un vieux médecin qu'il avait fait des leçons au b..... eût été une plaisanterie à faire mourir de rire.
Nous attendrons tranquillement V. M. à Potsdam. Qu'irais-je faire à Berlin? Ce n'est pas pour Berlin que je suis venu, quoique ce soit une fort belle ville; c'est uniquement pour vous. Je souffre mes maux aussi gaîment que je peux. D'Argens s'amuse et engraisse. Arius de Prades est un très-aimable hérésiarque.b Nous vivons ensemble en louant Dieu et V. M., et en sifflant la Sorbonne. Nous avons de beaux projets pour l'avancement de la raison humaine. Mais un plus beau projet, c'est Gustave Wasa. Il n'y a pas moyen d'y penser en Silésie; mais je me flatte qu'à Potsdam vous ne résisterez pas à la grâce efficace qui vous a inspiré ce bon mouvement. Ce sujet est admirable, et digne de votre génie unique et universel. Je me mets à vos pieds.
a Voyez t. VII, p. 26-32. Cet Éloge venait de paraître sous le titre de : Éloge du sieur La Mettrie, médecin de la Faculté de Paris, et membre de l'Académie royale des sciences de Berlin; avec le catalogue de ses ouvrages, et deux lettres qui le concernent. A la Haye, chez Pierre Gosse junior, libraire de S. A. R. MDCCLII, cinquante-neuf pages petit in-8.
b Voyez t. XX, p. 42 et 43.