<79> à risquer de nouveaux hasards. Après avoir abattu un arbre, il est bon d'en détruire jusqu'aux racines, pour empêcher que des rejetons ne le remplacent avec le temps. Allons donc voir ce que nous pourrons faire à l'arbre dont M. de Neipperg doit être regardé comme la séve.
J'ai vu et beaucoup entretenu le maréchal de Belle-Isle, qui sera dans tout pays ce que l'on appelle un très-grand homme. C'est un Newton pour le moins en fait de guerre, autant aimable dans la société qu'intelligent et profond dans les affaires, et qui fait un honneur infini à la France sa nation, et au choix de son maître.
Je souhaite de tout mon cœur de n'attendre que de bonnes nouvelles de votre part; soyez persuadé que personne ne s'y intéresse plus que votre fidèle ami.
167. AU MÊME.
Camp de Grottkau, 2 juin 1741.
Vous qui possédez tous les arts,
Et surtout le talent de plaire;
Vous qui pensez à nos hussards,
En cueillant des fruits de Cythère,
Qui chantez Charles et Newton,
Et qui, du giron d'Emilie,
Aux beaux esprits donnez le ton,
Ainsi qu'à la philosophie;
De ce camp, d'où maint peloton
S'exerce en tirant à l'envie,
De ma très-turbulente vie
Je vous fais un léger crayon.