<95> mariage, de dettes à payer, d'intrigues à faire, de recommandations, de dispositions, etc. On publie que vous avez fait telle chose à laquelle vous n'avez jamais pensé; on suppose que vous prendrez mal tel événement dont vous vous réjouissez; on écrit du Mexique que vous allez attaquer un tel, que votre intérêt est de ménager; on vous tourne en ridicule, on vous critique; un gazetier fait votre satire; les voisins vous déchirent; un chacun vous donne au diable, en vous accablant de protestations d'amitié. Voilà le monde, et telles sont, en gros, les matières qui m'occupent.
Avez-vous envie de troquer la poésie pour la politique? La seule ressemblance qui se trouve entre l'une et l'autre est que les politiques et les poëtes sont le jouet du public, et l'objet de la satire de leurs confrères.
Je pars après-demain pour Remusberg reprendre la houlette et la lyre, veuille le ciel, pour ne les quitter jamais! Je vous écrirai de cette douce solitude avec plus de tranquillité d'esprit. Peut-être Calliope m'inspirera-t-elle encore. Je suis tout à vous.
175. AU MÊME.
Olmütz. 3 février 1742.
Mon cher Voltaire, le démon qui m'a promené jusqu'à présent m'a mené à Olmütz pour redresser les affaires que les autres alliés ont embrouillées, dit-on. Je ne sais ce qui en sera; mais je sais que mon étoile est trop errante. Que pouvez-vous prétendre d'une cervelle où il n'y a que du foin, de l'avoine, et de la paille hachée? Je crois que je ne rimerai à présent qu'en oin et en oine.