<213> peuvent choquer les âmes pieuses; et cela n'est pas bien. Ce n'est qu'à force de réflexions et de raisonnements que l'erreur se filtre, et se sépare de la vérité; peu de personnes donnent leur temps à un examen aussi pénible, et qui demande une attention suivie. Avec quelque clarté qu'on leur expose leurs erreurs, ils pensent qu'on les veut séduire; et, en abhorrant les vérités qu'on leur expose, ils détestent l'auteur qui les annonce.
J'approuve donc fort la méthode de donner des nasardes à l'infâme en la comblant de politesses.
Mais voici une histoire dont le protecteur des capucins pourra régaler son saint et puant troupeau.
Les Russes ont voulu assiéger le petit fort de Czenstochow, défendu par les confédérés; on y garde, comme vous savez, une image de la sainte et immaculée reine du ciel. Les confédérés, dans leur détresse, s'adressèrent à elle pour implorer son divin appui; la Vierge leur fit un signe de tête, et leur dit de s'en rapporter à elle. Déjà les Russes se préparaient pour l'assaut; ils s'étaient pourvus de longues échelles avec lesquelles ils avançaient, la nuit, pour escalader cette bicoque. La Vierge les aperçoit, appelle son fils, et lui dit : Mon enfant, ressouviens-toi de ton premier métier; il est temps d'en faire usage pour sauver ces confédérés orthodoxes.
Le petit Jésus se charge d'une scie, part avec sa mère; et, tandis que les Russes avancent, il leur coupe lestement quelques barres de leurs échelles; puis, en riant, il retourne par les airs avec sa mère à Czenstochow, et il rentre avec elle dans sa niche.a
Les Russes cependant appuient leurs échelles aux bastions; jamais ils ne purent y monter, tant les échelles étaient raccourcies. Les schismatiques furent obligés de se retirer. Les orthodoxes entonnèrent le Te Deum; et depuis ce miracle, la garde-robe de notre sainte mère et son cabinet de curiosités augmentent à vue d'œil par les tré-
a Voyez t. XIV, p. 246-248.